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Fiche Technique
Difficulté: Plutôt difficile
KM
Durée de marche effective
Dénivelé positif cumulé (mètres)
10,35
3 h 40
559
Atteindre le Belvédère Titou Ninou, tel était le but de notre randonnée d'aujourd'hui. Pendant longtemps sa localisation sur les cartes n'était pas précisée et de ce fait l'itinéraire pour y accéder n'était diffusé que secrètement par les initiés, à leurs amis proches. Cela n'est largement plus le cas désormais, comme nous avons pu, hélas,le constater.
Ce n'est certes pas la première fois que nous nous rendons à ce fameux Belvédère, mais nous adorons y aller car c'est un lieu absolument magique, qui offre aux randonneurs une vue panoramique grandiose.
Nous démarrons notre balade du Parc de la Campagne Pastré vers 10h30. Nous sommes, aujourd'hui un dimanche de mi-avril, il fait très beau, en comparaison des jours précédents, extrêmement pluvieux. De ce fait, nous nous attendions à trouver beaucoup de monde dans le Parc avec, nous le pensions, un nombre réduit de randonneurs sur les sentiers. La suite va nous prouver exactement le contraire.
Le grand portail du Parc franchi, nous montons l'allée principale (identifiée sentier # 2 jaune sur les cartes) et passons devant le Château Pastré (*)(Photo 1) qui a hébergé jusqu'en 2012 le Musée de la Faïence, maintenant transféré au Château Borély.
(*) Château Pastré: Très belle bastide provençale, en pierres et briques roses, du XIXe siècle construite sur deux niveaux, plus un petit étage sous le toit. Le château a accueilli pendant la seconde guerre mondiale beaucoup d'intellectuels et d'artistes réfugiés à Marseille et qui tentaient de quitter la France.
Le château dépassé, nous bifurquons à gauche pour retrouver le sentier # 2 jaune montant dans le Vallon des Trois Gancets. Ce sentier en sous bois, caillouteux par endroits, est agréable, quelques petits rochers au sol forment des petites marches. Il ne présente aucune difficulté particulière, si ce n'est le nombre de personnes randonnant aujourd'hui dans les deux sens (Photos 2 et 3).
A environ 1,8 km du départ, nous arrivons à une intersection avec à droite le sentier # 2 C jaune en direction de la Grotte Rolland. Nous continuons, à gauche, sur le sentier # 2 jaune, bien ombragé, avec un dénivelé positif correct.
Nous arrivons maintenant à une première difficulté du parcours. Il s'agit d'une paroi de 3 ou 4 mètres de hauteur, non équipée, dont le franchissement, sans être très difficile, est quand même délicat et demande, outre une certaine assurance, l'utilisation des mains. Heureusement de bonnes prises sont à notre disposition, ainsi que de solides branches que Mère Nature a eu la bonne idée de placer aux bons endroits (Vidéo 4).
4 - Petit Pas d'escalade avant la grotte tunnelLa suite de ce passage est légèrement moins accidenté, mais encore assez raide et certains peuvent trouver cette partie quelque peu "aérienne". Fort heureusement, la section d'après est pratiquement horizontale (Photo 5).
5 - Après les passages de petite escaladeNous voilà ensuite arrivés devant l'entrée d'une grotte qui, en fait, n'en est pas vraiment une puisqu'il s'agit d'un tunnel creusé naturellement par l'érosion, la "Grotte Tunnel des Goélands", car bien avant l’homme, la nature a su creuser des souterrains, parfois avec des dimensions surprenantes. C'est ce tunnel qu'emprunte maintenant le sentier.
Sous le porche de la Grotte des Goélands, on devine le bout du tunnel (Photo 6).
6 - Grotte tunnel des GoélandsA la sortie du tunnel, nous suivons, au bord de la falaise, les ruines d'un mur d'une probable bergerie et dépassons un beau cairn (Photo 7).
7 - Après la sortie de la grotte tunnelLe sentier continue sur un terrain plus ou moins plat, maintenant balisé Jaune et Rouge jusqu'au bois de la Selle. En chemin nous avons de magnifiques vues sur la baie de Marseille.
Dans le bois de la Selle, nous voilà à un croisement de plusieurs chemins avec un marquage des pistes particulièrement bien détaillé par des sculptures dans la roche. Nous tournons à gauche pour continuer sur le sentier # 2 jaune, maintenant commun avec le sentier # 3 vert et arrivons assez rapidement au Col de la Selle (*).
(*) Au Col de la Selle on peut passer le Pas du même nom en enjambant un rocher qui a la forme d'une selle de cheval (?), d'où son nom, ainsi que celui du Bois qui se trouve en-dessous.
Arrivés à ce col, nous bifurquons à gauche sur le sentier # 1 bleu que nous venons de croiser. Il est à ce niveau relativement plat, mais ne va pas le rester longtemps. En effet, ce sentier grimpe sur le Plateau de l’Homme Mort, avec un passage assez rude, imposant que l'on sorte les mains des poches car elles vont s'avérer fort utiles (Photo 8). Là encore beaucoup (trop?) de randonneurs évoluent dans les deux directions.
8 - Montée sur le plateau de l'Homme mortLe Plateau de l'Homme Mort (*), aussi connu sous le nom de Plan de Coulon (**), est un vaste plateau calcaire très aride qui offre une magnifique vue à 360° sur les environs, mais qui présente le léger inconvénient d'être constitué de lapiaz, sol déchiqueté, aux aspérités coupantes, sillonné de rigoles et fissures parfois profondes. Il faut donc faire très attention à ne pas se tordre une cheville.
(*) Certains supposent que cette appellation d'"Homme Mort" fait référence à Xavier Dechaux, instituteur follement passionné par le Massif des Calanques où il a gravé son nom dans la roche dans bien des endroits: Vigie du Sommet de Marseilleveyre, Fontaine de Voire.etc.... Après avoir perdu sept enfants à la naissance ou en bas âge puis sa femme, il se suicida en 1868, à l'âge de 48 ans, dans la grotte qui porte son nom, au pied de laquelle passe le Vallon de l'Homme Mort qui mène au Plateau du même nom. Il avait d’ailleurs soigneusement choisi la grotte qui, de l’extérieur, présente trois ouvertures pouvant évoquer, vu leur disposition, une tête de mort. D'autres hypothèses sur l'étymologie du nom sont avancées.
(**) "Coulon": Il est possible que ce nom soit issu du latin signifiant "colline longue", ce qui peut évoquer la forme de cette colline.
A quelques dizaines de mètres après le sommet nous rencontrons, d'une part le beau cairn (Photo 9) indiquant sur la droite le sentier # 4 jaune descendant, de manière très abrupte, vers les 3 Arches (lien) et d'autre part, un couple sympathique de randonneurs, remontant ce même sentier et qui nous font part d'une information importante. Cela concerne le passage du Pas Supérieur de la Melette, au fond du Cirque des Walkyries (*), que nous n'avons jamais réussi à passer ( Voir Cirque des Walkyries). Mais chut !, nous ne vous en dirons pas plus pour l'instant, si ce n'est qu'avec cette information, il n'est pas impossible que nous tentions une fois encore l'aventure. Si tel est le cas, nous ne manquerons évidemment pas de vous en faire part. Gardons pour cela en mémoire une phrase célèbre de Barack Obama: "Si tu essaies, tu as une chance de perdre. Si tu n’essaies pas, tu as déjà perdu ! "
(*) Cirque des Walkyries: Le nom est lié à l'opéra "La Walkyrie" que composa Richard Wagner entre 1854 et 1856. En effet, les reliefs très particuliers du Cirque vus de la mer, ayant évoqué à Wagner, de passage en bateau, la forme d'un amphithéâtre, ils ont servi de modèle au décor réalisé pour son opéra.
9 - Cairn à l'intersection avec le sentier menant aux Trois Arches - Vue sur la baie de MarseilleNous poursuivons sur le sentier # 1 bleu et arrivons à un cairn indiquant à droite la direction du sentier # 4 vert que nous prenons.
Nous nous rapprochons enfin de notre destination et là un doute nous envahit. En effet, compte tenu de la renommée du Belvédère Titou Ninou, de son exiguïté et du nombre de randonneurs croisés ce jour, il nous a paru sage d'envisager le choix d'un autre point d'arrivée. Nous décidons donc de nous rendre à un autre belvédère, ou promontoire, sur la Tête de la Mélette (*), dominant le Cirque des Walkyries et à 1 minute à vol d'oiseau du Belvédère Titou Ninou (Photo 10).
(*) Les noms Anse et Tête de la Mélette font référence à de petits poissons ("meleto" en occitan) qui se trouvaient en quantité dans l'Anse de la Mélette, non loin du grand émissaire de Cortiou qui déverse en mer les effluents de la station d'épuration. Cet endroit était très fréquenté par les "pêcheurs d'égout", qui venaient ici pour s'approvisionner en poissons, qu'ils revendaient ensuite en ville. Pas très ragoutant tout ça !
10 - Promontoire de la Tête de la Mélette (au centre) avec sentier pour y accéder (à droite)Pour cela, nous abandonnons assez rapidement le sentier # 4 vert et prenons, sur notre gauche le sentier # 3 marron qui descend dans le Cirque des Walkyries en passant par ce fameux " Pas Supérieur de la Melette" que peut être, un jour nous franchirons (Photo 11).
11 - Sentier marron menant au Pas Supérieur de la MéletteNous rejoignons ensuite un sentier en "balcon" qui borde la falaise et arrivons à ce promontoire où la vue plongeante est immense sur le littoral et ses calanques, mais également sur le Cirque des Walkyries (Photos 12 et 13).
Un moment d'arrêt pour prendre quelques photos (Photo 14) et nous grimpons en haut de la falaise où notre regard a du mal à tout embrasser, tellement le panorama est large (Photos 15, 16 et 17). Sur la Photo 17 vous pouvez admirer le magnifique petit cairn qu'un artiste randonneur a construit sur le sommet d'un rocher, avec au fond, de belles vues sur le littoral, les pointes de Sormiou, Morgiou et enfin sur le bec de l'Aigle de La Ciotat.
14 - Depuis le promontoire de la Tête de la Mélette
16 - Sommet de la Falaise, près de La Tour Carrée des Walkyries
17 - Cairn "artistique" et panorama depuis La Tour Carrée des WalkyriesNous adoptons ce lieu, à proximité de la Tour Carrée des Walkyries pour la pause déjeuner. Un coup d'œil sur le Belvédère Titou Ninou, tout proche, confirme que nous avons eu raison de ne pas le choisir, vu le nombre de randonneurs qui s'y trouvent aujourd'hui.
Pour le retour, nous regagnons le sentier # 4 vert (Photo 18), et arrivés à l'intersection avec le sentier # 1 bleu (Photo 19), nous décidons de partir vers de nouvelles aventures en poursuivant sur la section du sentier vert que nous ne connaissons pas.
19 - Intersection entre les sentiers # 4 vert et # 1 bleuCelui ci descend dans le Vallon de l'Homme mort, avec des parties très glissantes et assez pénibles, constituées de pierriers peu agréables (Photos 20 et 21).
20 - Descente dans les pierriers du sentier # 4 vert
21 - Descente dans les pierriers du sentier # 4 vertNous arrivons à une clairière en forme de cirque, nommée, allez savoir pourquoi "La Bougie ".
C'est un carrefour de plusieurs chemins, avec à l'est le sentier # 4a jaune passant sous la Grotte Dechaux (voir commentaire plus haut) et le sentier # 1 rouge allant à l'ouest vers le Col de la Selle et au nord vers un endroit mythique, La Fontaine de Voire (Photo 22) que nous décidons évidemment de visiter. Pour cela nous descendons un étroit et court goulet, jalonné de marches inégales fabriquées avec des grosses pierres et arrivons à une clairière herbeuse où se trouve la fontaine.
Des bassins ont été créés pour les besoins de la ferme en contre-bas : la ferme de la famille du docteur Voire qui a donné son nom à la fontaine. Sur certains articles on peut aussi trouver de fausses dénominations pour cette fontaine, telles que Fontaine de Voyre ou Fontaine d'Ivoire (?).
Un peu d'histoire.
En 600 avant notre ère, les Calanques étaient occupées par une tribu celto-ligure : les Ségobriges. Selon la légende, les Grecs de la ville de Phocée, dont la flotte était commandée par Simos et Protis, accostèrent dans la calanque marécageuse du Lacydon où se trouve l'actuel Vieux Port pour rencontrer le roi Naan, avec l'intention de lui demander la permission de créer un nouveau comptoir.
Le jour de leur visite, le roi préparait les noces de sa fille Gyptis. Or, selon la coutume locale, la fille du roi choisissait son mari, lors d'un festin, parmi les prétendants, en lui offrant une coupe d’eau fraîche puisée dans la fontaine de Voire. Simos et Protis furent conviés au festin. Le soir venu, le roi Naan demanda à sa fille d’offrir l’eau à celui qu’elle choisissait pour mari. Alors, laissant de côté tous les autres prétendants, elle se tourna vers les Grecs et présenta l’eau à Protis. Le roi consentit à cette union et offrit à son nouveau gendre l'emplacement de la calanque du Lacydon qu'il demandait, pour fonder sa ville qui allait devenir Marseille.
Alors mythe ou réalité ? Peu importe finalement, sachez que chacun de vos pas remue peut-être ici, les mêmes graviers que ceux foulés, un jour, par Gyptis et Protis.
Revenons maintenant au temps présent. Nous quittons la fontaine pour reprendre le goulet montant à la clairière de la Bougie et tournons à droite sur le sentier # 1 rouge. S'ensuit alors une succession de montée descente, en montagnes russes, de manière parfois soutenue. Nous retrouvons à droite le sentier # 2 Jaune, emprunté ce matin et repassons sous la grotte-tunnel des Goélands.
Le reste du parcours est le même qu'à l'aller.
En résumé, nous avons apprécié de découvrir encore de nouveaux paysages, mais, de manière égoïste, nous aurions certainement préféré qu'il y ait moins de monde sur les sentiers.
Mais, après tout, "Il y a de la place au soleil pour tout le monde, surtout quand tout le monde veut rester à l'ombre" (Jules Renard).
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