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Fiche Technique
Difficulté: Moyenne
KM
Durée de marche effective
Dénivelé positif cumulé (mètres)
7,17
2 h 40
429
La randonnée que nous vous présentons aujourd'hui concerne l'ascension du Pic de Bertagne depuis le Plan d'Aups via le Pas de Cugens.
Comme très souvent par chez nous la météo au printemps est une invitation à la randonnée pédestre, ciel bleu, pas de vent, température aux alentours de 15°C au départ, avec bien évidemment des notes plus chaudes par la suite.
Pourquoi cette randonnée ? Tout d'abord parce que le Pic de Bertagne est un incontournable en Provence. C'est en effet le plus haut point des Bouches-du-Rhône qui culmine à 1042 m, même si les fervents défenseurs du Pic des Mouches du massif de la Sainte Victoire prétendent que c'est leur champion qui arrive en tête et qui pourtant n'atteint que 1011 m. La deuxième justification de cette randonnée c'est qu'elle va nous permettre de vous conter un petit pan, peu connu, de l’histoire industrielle de notre Région.
Pour accéder au Pic de Bertagne, plusieurs points de départ sont possibles. Citons notamment le magnifique parc de la Vallée de St Pons, le sommet du Col de l'Espigoulier ou alors le Plan d'Aups, option que nous choisissons aujourd'hui.
Depuis Marseille, le Plan d'Aups se rejoint par l’A52, l'A520 et rapidement après la Gare de Péage d'Auriol, par la route de la Sainte-Baume (D45A). Au Plan-d’Aups, prendre la route de la Brasque(*) qui démarre devant le restaurant Le Pebre d'Aï (**), juste en face de la mairie. Stationner sur le grand parking à l’extrémité de la route autorisée.
(*) Emprunté à l'italien du Nord braska « brasier, chaufferette ». Terme utilisé en métallurgie au sens de « poudre de charbon plus ou moins fine avec laquelle on chauffe le minerai »
(**) De l’occitan pebre d'alh «poivre d’âne» qui en botanique est synonyme de sarriette.Il est 10h30 et au bout du parking, pratiquement vide, nous passons la barrière DFCI (Défense des Forêts Contre l'Incendie) (Photo 1) et suivons le balisage rouge/jaune du GR2013.
Quelques dizaines de mètres après la barrière, nous traversons une prairie (Photo 2) et passons devant les ruines de la ferme de la Brasque qui malheureusement ne présente de nos jours aucune valeur iconographique, car mal entretenue et par ailleurs défigurée par des graffitis que certains, se disant artistes, se sont crus autorisés à réaliser. Pourtant cette ferme de la Brasque est liée à l'histoire industrielle de ce territoire.
2 - Prairie aux alentours de la Ferme de la BrasqueUn peu d'histoire.
Dans ce secteur, depuis l'Antiquité les hommes ont tiré de l'énergie à partir de bois ou de charbon et des mines de lignite ont été exploitées pendant des siècles, de manière industrielle depuis le début du XIXe siècle. Il est certain que si pour la plupart d'entre nous, l'histoire des mines du Nord de la France est bien connue, c'est moins évident pour celles de Provence sauf évidemment pour les gisements de Gardanne, Simiane et peut être ceux de Cadolive et St Savournin.Il est dit qu'une plaque, scellée sur le mur de la ferme de la Brasque, rappelle son histoire et le passé minier du site. Nous l'avons cherchée mais n'avons, malheureusement, rien trouvé.
On exploitait donc à cet endroit le (ou la) lignite, charbon «de rang inférieur» possédant, contrairement à la houille, un faible pouvoir calorifique et qui devait être transporté sur l'autre versant de la montagne en passant par le Col de Bertagne, pour alimenter en combustible les industries de Gémenos, Aubagne et Marseille. Pendant longtemps le transport était assuré par des chevaux, en empruntant de longs sentiers caillouteux et parfois non dénués de risques. C'est à l'initiative de Henry Chauwin, l'un des derniers exploitants du site que dans le vallon de la Brasque a été mis en place le fameux "chemin de fer" sur lequel circulaient des wagonnets et qui devait résoudre le difficile et coûteux problème du transport. Pour des problèmes de rentabilité son exploitation sera cependant assez vite abandonnée.
Revenons à notre randonnée.
C'est sur le tracé du chemin de fer que serpente de nos jours le GR 2013 et c'est par lui que nous commençons notre randonnée pour rejoindre, dans un premier temps le Col de Bertagne. La montée, d'une quarantaine de minutes, est progressive et assez facile sur un sentier en sous bois ou dégagé et si parfois, la persistance de murs de soutènement témoigne, de façon assez évidente, de l'existence de cette voie de chemin de fer (Photos 3 et 4), c'est d'autres fois beaucoup plus improbable (Photo 5). Il est à se demander comment ils ont pu faire circuler des wagonnets remplis de lignite sur un chemin aussi accidenté.
3 - GR 2013 sur le tracé du "Chemin de fer", remblai bien visible
4 - GR 2013 sur le tracé du "Chemin de fer", remblai encore plus visible
5 - GR 2013, mais comment ont-ils pu faire circuler des wagonnets dans cet environnement ?Nous arrivons au Col de Bertagne (Photo 6), paisible clairière (Photo 7) située au carrefour de plusieurs voies: A droite le sentier PR venant du Col de l'Espigoulier, à gauche la route goudronnée menant au radar de l'aviation civile et le très raide sentier permettant d'atteindre directement le Pic de Bertagne, en face la poursuite du GR2013, le sentier passant devant la Grande Baume et enfin le sentier balisé en jaune conduisant d'une part à la Glacière et d'autre part aux ruines de la bergerie du Défens.
6 - Arrivée au Col de Bertagne
7 - Clairière du Col de BertagneC'est là que la Société des Excursionnistes Marseillais a érigé un monument inauguré le 31 Octobre 1921 à la mémoire de tous les Excursionnistes morts pour la France lors de la 1ère guerre mondiale (Photo 8).
8 - Monument des Excursionnistes MarseillaisC'est également là qu'une machine à vapeur était installée pour actionner tout le dispositif permettant de tirer les wagonnets, transportant la lignite, dans les montées et de les retenir dans les descentes. Le bâtiment abritant cette machine a, de nos jours, pratiquement complètement disparu à l'exception de quelques pierres taillées, éparpillées sur le sol. Son existence, en ce lieu, est attestée par une représentation d'une ancienne gravure sur laquelle on peut distinguer une large tranchée taillée dans la roche à l'arrière du bâtiment permettant le passage des wagonnets vers la vallée de Saint-Pons (Gravure 9).
9 - Gravure ancienne représentant La Machine du Col de BertagneCette tranchée, encore bien visible aujourd'hui (Photo 10), permet de situer approximativement l'emplacement de la machinerie. Les plus observateurs auront sans doute remarqué l'erreur amusante commise sur la gravure par son auteur, certes talentueux, mais soit atteint de dyslexie, soit "estrangié" à notre Région... son titre: Col de Bretagne (?) - La Machine.
10 - Tranchée creusée dans la roche pour le passage des wagonnetsAprès une courte pause nous nous engageons, au Sud Ouest, sur le sentier balisé en jaune, serpentant au pied de la falaise, soutenant le Pic de Bertagne, en direction du "Défens" en laissant à droite, les sentiers de l'ancienne glacière (Photo 11). Après un passage en sous bois, le paysage se dégage et nous permet d'avoir une magnifique vue panoramique (Photo 12) sur le vallon des Crides et sur la route, serpentant dans le vallon vers le col de l’Espigoulier, très connu des cyclistes et qui est un point de passage important pour rejoindre le versant nord du massif de la Ste Baume. Sur la droite de ce col on peut admirer les fameuses dents de Roque Forcade qui forment une barre rocheuse très caractéristique suivies par le Plan des Vaches. Au delà, on aperçoit le Garlaban qui évoque la Provence d’antan, notamment celle de Pagnol et qui dresse, au dessus de la vallée de l'Huveaune, son imposante silhouette entre la chaîne de l’Etoile et celle de la Sainte-Baume (Le Garlaban).
11 - Suivre la direction "Bergerie du Défens"
12 - Vue panoramique sur le Vallon des Crides, le Col de l'Espigoulier, les Dents de Roque Forcade, le Plan des Vaches et le GarlabanLe sentier nous mène ensuite, sous la face sud (Photo 13), à un croisement avec, à notre gauche, vers l'est, un chemin montant directement au Col du Fauge. Nous continuons à suivre la direction du "Défens" (balisage jaune).
A l'approche du Pas de Cugens, le tracé jaune se partage en 2: à gauche pour ceux qui veulent éviter le Pas et le contourner, à droite en pointillés, le chemin que nous choisissons et qui va nous permettre de franchir le Pas.
De là nous avons une superbe vue de l'éperon Sud du Pic qui propose des voies d'escalades renommées dont une des plus difficiles de la région : la Walker de Provence (Photo 14).
14 - Vue de l'éperon Sud du Pic, depuis le bas du Pas de CugensLe passage du Pas de Cugens est décrit par certains comme délicat. Certes il faut s'aider des 2 mains pour le franchir, mais, en ce qui nous concerne, il ne nous paraît pas présenter un risque insurmontable (Photos 15, 16 et vidéo 17). Il faut garder en mémoire que ce passage était jadis utilisé pour transporter à dos d'hommes des blocs de glace provenant des glacières de la Ste Baume.
Il faut tout de même reconnaître qu'il est certainement plus facile de le gravir et que de le descendre et nous conseillons à ceux, peu habitués à la randonnée sur ce type de parcours, ou accompagnés d'enfants, de le contourner.
16 - Le Pas de Cugens, au milieu
17 - Passage du Pas de CugensC'est à la sortie de ce Pas que nous décidons de casser la croûte (Photo 18)
18 - Sortie du Pas - Coin casse croûteNous nous engageons ensuite sur le sentier PR de gauche, longeant la falaise de Cugens (Photo 19) et montant, de manière parfois rude, vers le col du Fauge. C'est dans cette falaise de Cugens que se trouve Le Trou du Vent que nous avons déjà eu l'occasion de vous décrire dans 2 randonnées précédentes (voir Le Trou du Vent).
19 - Montée vers le Col du FaugeAprès le Col, nous bifurquons à gauche sur un sentier rocailleux, balisé en rouge, qui débouche sur la route goudronnée peu avant la station radio de l'aviation civile, entourée d'une solide clôture qui interdit l'accès au sommet.
Nous suivons cette route en remontant vers le radar. Mis à part son radôme en sphère blanche (Photo 20) assez photogénique et que l'on peut apercevoir depuis Marseille, il faut bien reconnaître que l'ensemble de la station n'est pas caractérisée par une esthétique exceptionnelle (Photo 21). Sur cette photo 21 il est possible de voir, au loin, sur la gauche, une longue bande blanche, qui est en fait la majestueuse falaise de la Sainte Victoire.
20 - Radôme de la station radio au sommet du Pic
21 - Autour de la station. Au loin, à gauche, la Ste VictoireAprès un bout de route, le sentier se faufile dans le versant pour atteindre l'extrémité encore accessible au dessus des formidables falaises du Pic de Bertagne. De là le panorama est grandiose ! Comme le montre la Photo 22, depuis le bord de la falaise, on a une vue imprenable et plongeante sur le Vallon des Crides et de nouveau sur la route menant au col de l'Espigoulier et sur le Plan des Vaches.
Il faut être très attentif car aucune barrière ne protège de la chute en bordure de falaise.
22 - Vue panoramique vers l'ouest, depuis le sommetIl faut ensuite revenir sur la route, et pile en face le sentier venant du col du Fauge, dans une ouverture du rail de sécurité, un sentier part vers le Nord. Une courte montée précède la descente sur un chemin du raide versant Nord du Pic (Photo 23). Le tracé parait au premier abord très technique et aérien, mais rétrospectivement ne présente pas de difficultés particulières. Le sentier descend finalement en sous bois, jusqu'au Col de Bertagne.
23 - Descente directe vers le Col de Bertagne par le versant NordAprès une courte pause, nous retrouvons le GR2013 parcouru ce matin et redescendons dans le vallon jusqu'au parking que nous atteignons à 14h45.
En résumé, le Pic Bertagne est un sommet à faire absolument dans les Bouches-du-Rhône. Si son ascension n’a rien de technique, l’effort a produire n'est pas négligeable. Le site est grandiose et les points de vue que nous avons à son sommet sont splendides, même si d'aucuns préfèreront peut être le panorama des calanques, offrant au regard du spectateur privilégié, l'association subtile entre la blanche verticalité des falaises côtières et l'évidente horizontalité bleue turquoise de notre chère Méditerranée.
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