• Le Trou du Vent - Ste Beaume

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    Fiche Technique

    Difficulté: Facile 

    12,52

    3:54:01

    18:41

     

    KM

    Durée

    Min/km

     

      

    L'objectif de notre randonnée d'aujourd'hui était d'atteindre, pour la deuxième fois, une curiosité de la nature, matérialisée par une trouée dans la falaise de Cugens, connue sous le nom de "Trou du Vent" et que nous avions aperçue lors d'une descente depuis le pic de Bertagne, dans le vallon des Crides,.
    La première fois, nous étions au printemps et sans aucun vent, ce qui s'était révélé être un handicap, ne nous permettant pas d'appréhender pleinement la singularité de l'endroit. Aujourd'hui, nous sommes fin octobre, avec un Mistral, comme on dit en Provence, à "arracher la queue des ânes" et il est vrai que dans ces conditions, l'impression que nous en retirons est très différente.

    Le départ se fait depuis le Parc de Saint-Pons (*). Depuis Marseille, on accède à ce Parc en voiture par l’Autoroute A50, sortie Aubagne puis direction Gémenos et Chemin Départemental 2 (D2). A près d'un kilomètre du centre ville de Gémenos, un parking, avant le Parc, a été aménagé afin de vous y accueillir.

    (*) Le nom de ce Parc a été donné pour honorer la mémoire de Pons de Cimiez, saint chrétien, né à Rome au IIIe siècle dans une famille païenne. Il se convertit au christianisme et abandonne ses biens. Il aurait évangélisé la vallée de l'Ubaye et fut martyrisé à Cimiez (Quartier de Nice) en l'an 257. Le culte du saint martyr s'est répandu dans toute la Provence. 

    Après être passé devant La Maison du Parc (Photo 1), nous traversons la D2 et nous retrouvons directement dans le Parc.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    1 - La Maison du Parc

    Ce parc de 1300 hectares, bien aménagé, à l'abri de la Sainte-Baume, au pied des lacets du col de l'Espigoulier redouté par les cyclistes, qui grimpe vers le Plan d'Aups. C'est l'endroit idéal pour une promenade en famille. On y trouve une flore d'une grande diversité, avec évidemment la végétation typique de la garrigue, mais aussi (et surtout), des hêtres, des charmes, des tilleuls, des érables, des chênes verts, des marronniers, de grands ifs et même des arbousiers également appelé « Arbre à fraises », couverts en cette période de l'année d'une multitude de baies rouges.

    L'abondance d’espèces végétales que nous rencontrons est rendue possible par le microclimat des lieux et par la présence de plusieurs ruisseaux et surtout d'un torrent principal : le Fauge, affluent de l’Huveaune, dont la source ne se tarit jamais, même en plein été, ce qui est assez exceptionnel pour notre région. C'est d'ailleurs l’énergie fournie par ce cours d'eau qui a permis d’établir sur ce site une "première activité industrielle".

    Dès l'entrée dans le parc, nous passons sur les bords d'une vaste prairie arborée et arrivons rapidement à un des premiers vestiges témoignant de cette "activité industrielle" passée, La Papèterie du Paradou (Photo 2).

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    2 - La "Papèterie" du Paradou

    C'est au XVIIe siècle que le Marquis d’Albertas fit installer les 4 moulins à papier du Paradou qui fonctionnaient grâce à des chutes d’eau équipées de roues à aubes. En 1738, la papèterie produisait cinq sortes de papier et notamment du papier à cigarettes. Les lieux ont été définitivement abandonnés au XXe siècle.

    Nous traversons cette "papèterie" et en sortons en passant sous un très beau porche en pierre (Photo 3) pour nous retrouver sur les berges du Fauge.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    3 - Porche de pierre à la sortie de la "Papèterie"

    Dans une prairie, sur la gauche, on peut admirer la petite Chapelle Saint-Martin (Photo 4), de style roman, datant du XIIIe siècle, construite sur les bases d'une chapelle beaucoup plus ancienne du Xe siècle.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    4 - Chapelle Saint Martin 

    Nous remontons ensuite le cours du Fauge dans un splendide décors, le Parc ayant revêtu, aujourd'hui, ses plus beaux habits d'apparat, aux couleurs automnales flamboyantes (Photos 5,6,7,8,9 et 10).

    Le Trou du Vent - en automne
    5 - Sentier sur la rive du Fauge

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    6 - Dans le lit du Fauge

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    7 - Dans le lit du Fauge

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    8 - Un habitant du coin

    Le Trou du Vent - en automne
    9 - Toujours dans le lit du Fauge

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    10 - Un autre habitant du coin et la mystérieuse algue rouge

    Sur la Photo 10 nous pouvons, bien sûr admirer ce magnifique canard au bec jaune, mais aussi remarquer la présence mystérieuse dans le lit du torrent de tâches pourpres, dues au développement d'une algue rouge microscopique (*). Pourquoi mystérieuse ? Parce que normalement on ne trouve cette algue qu'en haute montagne, de surcroît si l'eau est très pure.

    (*) Pour les scientifiques férus de précision le nom de cette algue est «Hildenbrandia rivularis» 

    La présence, dans ce parc, de cette algue est à l'origine d'une légende très connue ici: la légende de Blanche de Simiane (*).

    (*) Il est dit qu’une nuit d’orage, des chevaliers pris par surprise auraient demandé asile au monastère présent sur le site. Sans hésiter, les religieuses ont tout de suite accepté. Malheureusement, les chevaliers se sont mal comportés et après s'être enivrés ont massacré pratiquement toutes les moniales. Seule Blanche de Simiane, jeune novice, réussit à s'enfuir et arrivée au petit pont franchissant le Fauge, elle l’aurait enjambé pour s'engouffrer dans le courant. Il est dit que sa peine était si grande que son sang continue de couler dans le torrent, donnant alors cette couleur rouge. 

    Pour choisir entre la version scientifique et la légende, certains peuvent se référer à une célèbre citation du cinéaste John Ford: "Entre l'histoire et la légende, je choisirai toujours la légende". C'est vous qui voyez !

    Nous continuons à remonter le cours du torrent en suivant les balisages jaune et rouge du GR 2013, bordé d'arbres centenaires pour atteindre un moulin, le Moulin de Cuges, avec sa petite écluse (Photos 11,12 et 13). Il s'agit d'un ancien moulin à blé qui a d'abord appartenu au XI siècle à des moines dépendant de l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille, puis, au XIIIe siècle, à des moniales cisterciennes.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    11 - En approche du Moulin de Cuges

    Le Trou du Vent - en automne
    12 - Une partie du Moulin

    Le Trou du Vent - en automne
    13 - Son écluse

    En 1534 cet édifice devient la propriété de la ville de Cuges et est utilisé comme moulin à blé par ses habitants (*) qui acheminaient leur récolte par le "Chemin du blé" (Photo 14). Le début de ce sentier est juste à côté de la magnifique cascade moussue, mitoyenne du moulin (Photos 15 et 16).

    (*)  En effet, dans notre région, les moulins à vent sont peu nombreux puisque le vent, même s'il est présent, est trop violent pour un moulin. Les gens de Cuges, voisins de cette vallée de Saint Pons, achetèrent donc ce moulin à eau. 

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    14 - Carrefour Chemin du blé et Chemin de Cabrelles

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    15 - Une autre partie du Moulin et la Cascade Moussue

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    16 - La Cascade Moussue

    Nous poursuivons à droite de la cascade, admirons, sans l'emprunter, la très belle arche de pierre (Photo 17) et rejoignons le croisement Chemin du Blé - Chemin de Cabrelles (*).

    (*) En occitan cabrelle semble avoir le sens de chevreau

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    17 - L'arche de pierre après la Cascade

    Nous laissons le Chemin du Blé à droite pour virer à gauche sur le Chemin de Cabrelles, étroit et caillouteux (Photos 18 et 19). Nous remontons, par ce chemin, le vallon du même nom, au début très ombragé et très abrité du Mistral, puis prenant de l'altitude, le paysage se transforme en garrigue, et le vent est beaucoup plus présent.

     Le Trou du Vent - Ste Beaume
    18 - Le Chemin de Cabrelles

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    19 - Le Chemin de Cabrelles

    Ce chemin de Cabrelles débouche sur le GR98 où nous nous engageons sur la gauche. 300m plus loin, nous arrivons à un croisement en T, prenons à gauche puis, 10m plus loin, à droite.

    A ce niveau, nous rencontrons un bataillon de sapeurs pompiers occupés à l'aménagement de coupe-feux et nous attendant, certainement, pour nous encourager dans notre ascension et assurer une assistance logistique (hum, pas sûr !).

    Nous poursuivons sur le GR98, montons un petit col et redescendons environ une centaine de mètres. Juste avant d'arriver aux ruines du Défends, un cairn sur la gauche (à surtout ne pas manquer) indique le départ d'un sentier se dirigeant vers les Falaises de Cugens. A son niveau, nous quittons donc le GR98 et bifurquons à gauche sur ce sentier.

    Après quelques minutes de marche, un cairn apparaît sur le côté gauche du sentier (Photo 20).

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    20 - Cairn à ne pas manquer

    Plus haut, on peut repérer une succession d'autres cairns (Photos 21,22 et 23), qui se révèlent fort utiles et qui nous indiquent parfaitement le chemin à prendre, vers la crête de la falaise de Cugens.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    21 - La succession des cairns

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    22 - D'autres cairns

    Le Trou du Vent - en automne
    23 - Dernier cairn avant le Trou 

     Nous suivons donc ces cairns et arrivons au Trou du vent, invisible depuis le sentier. C'est ainsi qu'est appelée l'arche qui transperce la falaise de Cugens (Photo 24).

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    24 - Le Trou du Vent

    La formation de ce trou est vraisemblablement due à la conjonction de 2 phénomènes érosifs, le ruissellement des eaux pendant des millions d'années et l'intervention du vent. Si l'eau a ici pratiquement disparue, tout au moins sous la forme de torrent, le vent lui est toujours là.

    Ce trou agit comme un véritable accélérateur de vent, et l'air qui s'y engouffre souffle heureusement presque toujours dans "le bon sens", c'est à dire partant du vallon des Crides vers le sommet de la falaise de Cugens. Dans le cas contraire, il serait particulièrement dangereux de s'approcher du Trou avec le risque d'être emporté plusieurs centaines de mètres au fond du Vallon.

    On est d'ailleurs impressionnés par l'à-pic derrière le Trou (Photo 25), avec une pente très raide, proche de la verticale.

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    25 - L'autre côté du Trou

    Les rafales de vent sont, aujourd'hui, d'une force incroyable, rafales, n'est d'ailleurs certainement pas le terme exact, c'est plutôt un formidable courant d'air soufflant en continu (Voir la Vidéo ).


    Le souffle du vent à travers le Trou

    Il est dit par certains randonneurs que lorsque le vent s'engouffre dans ce Trou ils ont l'impression d'entendre une étrange mélodie. Nous devons honnêtement vous avouer que si nous avons été effectivement impressionnés par la force du vent s'engouffrant au travers du Trou, aucune mélodie particulière n'est parvenue à nos oreilles. Est ce donc une légende et devrions nous là encore faire confiance à John Ford ?

    Après une courte recherche, nous trouvons un endroit à l'abri du vent, derrière des rochers, et c'est là que nous décidons de faire notre pause déjeuner (Photo 26).

    Le Trou du Vent - Ste Beaume
    26 - Coin casse croûte à l'abri du vent 

    Le retour se fait, par le même chemin qu'à l'aller et en aval du Vallon de Cabrelles, nous retrouvons les fameux arbousiers, mentionnés précédemment (Photo 27), qui nous offrent généreusement leurs succulentes (*) baies rouges que nous prenons plaisir à déguster.

    (*) A ce sujet, il faut bien reconnaitre que le plaisir que l'on peut retirer de la dégustation de ces fruits est très variable d'une personne à l'autre. Certains (comme votre serviteur) les trouvent délicieux, pour leur goût certes, mais aussi pour les souvenirs d'enfance qu'ils font remonter. D'autres en revanche les jugent quelconques, voire désagréables. A vous de juger ! 

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    27 - Arbouses

    Nous redescendons, en suivant le sentier ombragé, le long du Fauge et arrivons au parking où nous retrouvons notre véhicule.


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